Quand on parle de yoga, on pense immédiatement à l’Inde, à une tradition millénaire, à une pratique empreinte de spiritualité et de rituels précis. Alors, quelle légitimité puis-je avoir, moi, femme européenne, pour enseigner cette discipline ?
Cette question, je me la suis posée longtemps. Et la réponse s’est construite peu à peu, à travers mon expérience personnelle, mes rencontres et surtout ma façon de vivre le yoga au quotidien.
Faire le tri, trouver sa voie
Dans ma vie, j’ai toujours eu besoin de faire le tri : tout n’est jamais entièrement bon ou mauvais. J’ai appris à garder ce qui résonne avec moi et à laisser de côté ce qui me semble trop rigide, trop contraignant.
Le yoga, pour moi, ce n’est pas suivre des règles strictes qui enferment. C’est plutôt un chemin pour être bien avec soi-même, sans se torturer, sans se juger, sans culpabiliser les autres.
Je crois profondément qu’on peut avancer dans la douceur et dans la bienveillance, plutôt que dans la contrainte ou la rigidité.

La gentillesse comme force
Il y a quelques années, j’ai lu L’art de la gentillesse de Piero Ferrucci (ici un extrait de Jacques Languirand qui parle du livre « L’art de la gentillesse »). Ce livre m’a profondément marqué. Il m’a montré que la gentillesse n’est pas une faiblesse, mais une véritable force.
Être gentil, c’est être capable d’entrer en relation avec les autres sans agressivité, sans masque. C’est une preuve d’intelligence, car la gentillesse ouvre des portes, apaise les tensions, crée des ponts.
Depuis toute petite, j’ai ressenti cela. Je n’étais pas de celles qui se battent ou qui hurlent pour obtenir quelque chose. J’apprenais à attendre, à changer de méthode, à trouver un autre chemin. C’est devenu une façon d’être.
Un yoga bienveillant
C’est cette posture intérieure que je transmets aujourd’hui dans mes cours de yoga. Je ne suis pas indienne, je n’incarne pas une tradition au sens strict, mais je me sens légitime à enseigner parce que j’enseigne ce que je vis : un yoga bienveillant, qui respecte les limites de chacun, qui cherche avant tout à créer un état de paix intérieure.
Je crois que ma légitimité vient de là : dans cette cohérence entre ce que je vis et ce que je transmets.
Être en accord avec soi
Pour moi, le yoga n’est pas une discipline que l’on applique à la lettre. C’est un chemin qui nous aide à nous mettre en accord avec nous-mêmes. Et cet accord, ce bien-être profond, ne peut venir que de l’intérieur.
Ce que je souhaite partager, ce n’est pas une perfection extérieure, ni une conformité à une règle immuable. C’est ce ressenti intime d’harmonie, ce moment où le souffle, le corps et l’esprit s’alignent.
C’est cela, pour moi, le yoga : un espace où l’on apprend à être en paix avec soi, et de là, avec les autres.
Un chemin ouvert
Je ne sais pas encore où le yoga me portera. Mais je sens que tant que je reste à l’écoute de moi-même, de mon corps, de ma respiration et de cet alignement intérieur, il n’y a pas de mauvaise direction.
Le yoga n’est pas une destination figée : c’est un chemin vivant, en constante évolution. Chaque pratique, chaque souffle, chaque rencontre m’ouvre un peu plus à cette évidence : il s’agit moins de performer ou d’atteindre un idéal que de trouver une façon juste d’habiter sa vie.
Tant que je reste guidée par cette bienveillance envers moi-même et envers les autres, je sais que le yoga continuera à être une ressource précieuse, une boussole intérieure. Et c’est cette expérience, simple et profonde à la fois, que j’ai envie de partager.
